Article Pan African Music :
“Avec 45 ans de carrière et une vingtaine d’albums, il y a de quoi écrire un livre sur Erick Cosaque, figure majeure du gwo ka, style rythmé par ce gros tambour né pendant la période de l’esclavage. Ce tonneau de salaison -le gros quart- était laissé aux esclaves déportés aux Antilles françaises pour en faire des tambours avec des peaux de cabris. Cet héritage musical africain résonnait alors au coin des rues, lors de manifestations improvisées, ou pendant le travail, rythmant la coupe de la canne à sucre. Souvent associé à la rébellion et à la survie, cette pratique à la fois rustique et complexe a toujours été isolée, marginalisée et enfermée dans une classe sociale relativement pauvre, même après l’abolition de l’esclavage.
Bien qu’actif depuis le début des années 70, Erick Cosaque a connu cette censure et s’est imprégné des différentes façons de jouer sur son île dès l’adolescence. Sous l’impulsion de son camarade Guy Conquête qui utilisait alors le gwo ka comme vecteur de ses revendications politiques, Erick Cosaque a rapidement appris les 7 rythmes caractéristiques du genre, la danse associée et le chant, berçant les Antilles de sa voix charismatique.
Cette compilation balaye 20 années de carrière de l’un des instigateurs de la renaissance d’un genre traditionnel à la frontière de l’interdit, affichant alors la palette de directions artistiques prises par le musicien, intégrant habilement et sans retenue le jazz, la soul, le spoken-word, le funk ou le zouk entre les lignes de son gwo ka. Ce recueil, compilé par Fred Martin (Les mains noires) pique des morceaux dans les albums des différents groupes montés par le guadeloupéen tels que Voltages 8, Cadence Gilles ou X7 Nouvelles Dimensions, ajoutant guitares électriques, claviers ou saxophones pour appuyer ses appels au réveil de la Guadeloupe. ”
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