Les lauriers, le saxophoniste Léon Phal refuse de s’y reposer.
Brillamment passé par le Conservatoire et la Haute Ecole de Musique, vainqueur des tremplins Nancy Jazz Pulsations et Jazz à Vienne 2019 ; le trentenaire promu représentant de la nouvelle et bouillante scène jazz n’a qu’une envie devenue obsession : aller toujours plus loin. Pousser la limite.
Maintenir ce cap de progression constante implique de rompre avec certaines pratiques comme de s’affranchir des codes et des habitudes.
D’oublier les notions académiques, s’éloigner de l’approche purement jazz pour, sans perdre le contact, l’associer à des codes modernes.
Aux partitions précisément noircies, Léon Phal a donc préféré l’inspiration du moment, celle qui surgit lorsqu’à la manière d’un producteur d’electro ou de hip-hop, il s’installe seul dans son studio, face à ses machines. Chercher. Synthétiser les rythmes, dessiner les arrangements. Ressentir le groove qui se met en place et s’installe comme une évidence. Séquencer, looper. Chercher encore. La bonne sonorité, le bon grain à atteindre. A entendre. Et finalement tout réinterpréter. Non plus seul, mais avec le noyau de musiciens qui constitue le quintet. Connectés sur les mêmes fréquences, répondant aux mêmes références, c’est avec eux que se sont fait les deux précédents albums, avec eux également que s’est construit et enregistré « Stress Killer ».
Dans la batterie d’Arthur Alard, la contrebasse de Rémi Bouyssière, les claviers de Gauthier Toux et la
trompette de Zacharie Ksyk, les zéros et les uns créés nés dans les circuits imprimés prennent alors vie
organique. A la fois animé et porté par l’envie de faire danser. En approchant le jazz comme une musique
de club, faire d’une mélodie presque enfantine comme de quelques notes de claviers, les premières
étincelles qui allumeront les rythmiques. Les boucles infernales dont il sera difficile de se défaire, foyer
d’une intensité qui ira crescendo jusqu’à la libération extatique des danseurs.