Par touches légères ou en apport frontal, suggérée ou clairement affichée, la Caraïbe apparaît en filigrane dans toute la discographie d’Anthony Joseph. Des transes furieuses de Bird Head Son au plus abouti Time, elle résonne dans chacun de ses albums.
Aujourd’hui, ce qui n’était alors qu’un fil conducteur, un point d’ancrage grâce auquel il ne perdait pas son cap, le poète-romancier-musicien-conférencier a décidé d’en faire un câble de communication. Un lien puissant qui, se jouant des distances et bravant la mer, unirait son île à celle de ses frères de l’arc Caribéen. Ceux qui, à seulement quelques miles de lui, dansent au son du tumbélé ou du mendé, quand, du côté de Port Spain, on s’encanaille des rythmes calypso et soca.
Porté depuis toujours par une profonde et puissante identité ancrée dans l’archipel, Anthony Joseph revient à ses racines avec Kumaka. Débuté comme une collaboration avec l’émérite percussionniste Roger Raspail (Cesaria Evora, Papa Wemba, Kassav’), Kumaka s’est rapidement mué en force créatrice englobant sur son passage rythmes, sons et vibrations qui retentissent de San Fernando Scarborough, de Kingston aux Abymes, de Port-Au-Prince à la Havane.
Soutenu par une formation pensée comme un brassage entre musiciens du cru, Kumaka vise à réunir des îles qui ne feraient désormais plus qu’une et où l’identité de chacune ne se diluerait pas dans l’ensemble. Mais, au contraire, contribuerait à en faire un alliage plus riche et plus résistant.
Les saxophones de Shabaka Hutchings ( The Heliocentrics) et Jason Yarde, la trompette d’ Yvon Guillard (Magma), la basse de Mike Clinton (Salif Keita), le trombone de Pierre Chabrèle (Creole Jazz Orchestra) : ce nouveau groupe prend des allures de all-stars Caribéen marqué par les coups de mailloches d’Andy Narell, grand maître du steelpan, tambour d’acier aux sonorités métalliques, incarnation sonore de Trinidad.
Déflagrations dansantes ou lente progression percutée de riffs cuivrés dignes d’une bande originale ; voodoo funk incandescent ou furia rythmique à haut débit lacérée de saxo freejazz, la réunion de cette diaspora Caribéenne ne met pas au point une formule vouée à être déclinée sur onze titres mais, au contraire, explore et défriche. Avec pour guide, Anthony Joseph. Le chroniqueur qui récite son texte appuyé sur une simple percussion ou le conteur d’histoires possédé par la puissance de la basse hypnotique. L’aventurier qui scande dans un mangrove où rythmes et cuivres ont tissé un inextricable enchevêtrement. L’ambianceur qui déambule sur un groove rond et vrombissant en co-voiturage vocal avec Sly Johnson.
Disséminées, éloignées les unes des autres par quelques dizaines voire centaines de miles nautiques, les îles de l’archipel communiquaient jusqu’alors par le biais de vibrations portées par la mer. Anthony Joseph est passé sous celle-ci et a noué les racines entre elles.
By Light touch or front intake, suggested or clearly displayed, Caribbean appears implicit in whole discography Anthony Joseph. From the furious trance of Bird Head Song to the most successful Time, she resonates in each of its albums.
Today, what was then a thread, an anchor with which he did not lose his cap, the poet-novelist-musician-speaker decided to make a communication cable. A powerful link, that play distances and braving the sea,would unite the island to that of his brothers of the French Antilles. Those who, just a few miles from him, dancing to the sound of tumbélé or Mendé, when, towards Port Spain, is slumming soca and calypso rhythms.
Driven always by a deep and powerful black identity, Anthony Joseph returns to his roots with “Caribbean Roots”, new album under the artistic direction of Roger Raspail, Caribbean percussionist who flattered skins for Cesaria Evora, Papa Wemba or unavoidable Kassav ‘.
Follower of the reboot of his musical matrix, Anthony, as he had already done by dispersing his Spasm Band and his Rubber Band, starting from scratch with a gleaming training, thought as a brewing between musicians from Guadeloupe and Trinidad. The meeting between two islands that now make more than one and where the identity of each does not dilute overall but, on the contrary, help to make a richer and more resistant alloy.
The saxophone Shabaka Hutchings (The Heliocentrics) and Jason Yarde, trumpet Yvon Guillard (Magma), bass Mike Clinton (Salif Keita), trombone Peter Chabrèle (Creole Jazz Orchestra) : this new group looks like a Caribbean all-stars marked by the blows of mallets Andy Narell, Grand Master of the steel pan, steel metal drum sounds, sound incarnation of Trinidad.
Dancing explosions or slow progression of copper struck riffs worthy of a soundtrack; voodoo funk or rhythm incandescent fury broadband lacerated sax freejazz, the meeting of the Caribbean diaspora does not put a doomed formula to be broken down on eleven tracks but, instead, explores and cleared. As a guide, Anthony Joseph. The chronicler who recites his text supported on simple percussion or storyteller possessed by the power of the hypnotic bass. The adventurer who chanted in a mangrove where rhythms and brass have formed an inextricable tangle. The talker who walks on a round groove and whirring voice in carpooling with Sly Johnson.
Separated by 621 km, Trinidad and Guadeloupe previously communicated through vibrations carried by sea. Anthony Joseph went under it and established roots together.